Soumis comme tous les citoyens de la planète à l'omniprésence de la Coupe du Monde de football, je me dois d'ajouter ma goutte d'eau à l'océan de commentaires qui submerge le net.
J'aimerais parler de l'arbitrage. Pourquoi, à la différence de beaucoup d'autres sports nécessitant la même précision visuelle, l'arbitrage du foot refuse-t-il l'assistance de la vidéo pour trancher avec certitude les cas litigieux ?
Quand on lit dans la presse que Arte a dû déprogrammer en vitesse un documentaire d'investigation particulièrement compromettant sur la corruption qui règne en maître à la FIFA (et malgré le fait que la BBC One ait déjà diffusé le docu il y deux semaines), on mesure la puissance de ceux qui veulent agir dans l'ombre et le secret.
Il n'échappe à personne que le refus de l'arbitrage vidéo par la FIFA a pour seul but de pouvoir continuer tranquillement à truquer les matchs en donnant à l'arbitre, humain faillible, un pouvoir excédant largement son acuité (remarquons au passage qu'en français, "arbitraire" est le contraire de "juste" ou "équitable").
Je me suis souvent demandé pourquoi le foot connaissait plus qu'un autre sport un tel engouement planétaire. Il y a certainement des dizaines de raisons, mais le fait est là : un match de foot, grâce à la télé, est devenu une pièce de théâtre suivie avec passion dans le monde entier.
Chaque rencontre met en scène un scénario différent dont les éléments constituaient déjà le fonds de commerce d'Homère ou de Shakespeare : le courage, la force, la peur, l'astuce, la colère, la patience, l'arrogance, l'habileté, la chance, la responsabilité, la duplicité, la finesse, et, au bout, la victoire ou la défaite.
C'est une histoire dans laquelle chaque être humain capable de boire de la bière sur un canapé pendant deux heures tout en regardant un meuble lumineux est susceptible de se reconnaître. Sous ses yeux se déroule le plus vieux scénario du monde, toujours le même et pourtant chaque fois différent, et dont il reconnaît la troublante similitude avec son intime quotidien.
C'est là qu'intervient l'arbitre. Cette Coupe du Monde nous a abreuvé, comme à chaque fois, d'aberrantes erreurs d'arbitrage. 500 millions de télespectateurs sur la planète ont vu le ballon de Thierry Henry, grâce à la télé et ses ralentis magiques, rentrer dans les buts coréens. Seulement voilà. L'arbitre, lui n'a pas vu. C'est le seul et c'est dommage, car c'est à lui qu'appartient l'infrangible pouvoir de décision.
Voici donc la leçon quotidienne que nous rappelle la Coupe du Monde : un crétin en short avec un sifflet peut avoir tort tout seul contre la terre entière, eh bien c'est quand même lui qui a raison. Parce que c'est lui qui a le sifflet.
A ne jamais oublier.
mar 27 juin 2006
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