Interview historique

Laurent de Wilde : Nous sommes donc à Noyon, le 27 mars 2008 et je suis en face de Patrick Plisson, dit Plissman et Pascal Arnoult, dit Nounours, respectivement ingénieurs du son façade et retour d'Abd Al Malik. Nous sommes ici pour parler du couvercle du piano et de son influence dans la sonorisation de cet instrument. Alors tout d'abord, est-ce que vous vous souvenez de la date exacte où nous avons décidé de retirer le couvercle du piano ?

Nounours : Personnellement, cette découverte est pour moi tellement énorme que le moment de cette révélation n'a aucune importance. Ce qui compte, c'est tout ce qui va se passer à partir de maintenant, compte tenu de notre découverte qui est : le couvercle du piano, dans la sonorisation du piano en musique moderne, NE SERT A RIEN.

L2W : Qu'entendez-vous par là ?

Plissman : Eh bien dans le cadre d'un orchestre amplifié, le couvercle du piano ne sert qu'à engouffrer tout le son qui vient de la scène et de le ramener vers les micros censés enregistrer le piano. Donc quand on supprime le piano...

Nounours : ... le capot...

L2W : Allons Messieurs, ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain...

Plissman : oui... je voulais dire que quand on supprime le capot du piano, on a beaucoup moins de son extérieur au piano qui s'y engouffre, tout simplement...

L2W : Mais le couvercle ne sert-il pas à amplifier naturellement le son de l'instrument ?

Plissman : Si, mais dans le cas d'une prise acoustique !

Nounours : ... le couvercle sert à amplifier le piano et sert de paroi de résonance, il fait partie du système de projection acoustique du son du piano...

Plissman : ...mais quand on utilise des micros, on n'a pas besoin de cette amplification naturelle... retirer le capot du piano serait donc l'équivalent de mettre des bouchons de vin, de bonne qualité bien sûr, dans les ouïes d'une contrebasse, remède connu contre les larsen qui viennent très facilement avec cet instrument.

L2W : pardonnez messieurs mon rôle de Candide, mais comment se fait-il qu'on n'y ait pas pensé plus tôt ?

Plissman : Ben parce que le pianiste a beaucoup de mal à se séparer de son capot ... c'est çà le problème... allez lui expliquer qu'à partir de maintenant il ne verra plus jamais de capot au-dessus de son piano ! Il va se dire : on va moins m'entendre ! Vous voyez comme ils sont nombrilistes ces putains de pianistes de merde !

L2W : Nounours, un commentaire ?

Nounours : En fait l'idée vient de Laurent... En nous voyant galérer avec le son, tu nous a dit : si vous voulez on retire le couvercle, moi j'adore ça ! Nous on a dit, BANCO ! Et avec Plissman, on a halluciné... On s'est tout de suite rendu compte que c'était beaucoup mieux. Quand on fait la balance, on commence par le piano, parce que c'est le plus difficile. Une fois fois que le piano est fait, on laisse les pistes ouvertes et on fait le reste de l'orchestre...

L2W : ...j'espère que les lecteurs de ce blog apprécieront à sa juste valeur la qualité technique de vos informations...

Nounours : ... et voilà, on s'est très vite aperçu que sans capot, on arrivait à empiler tous les autres instruments sans que ça nous gêne, la démonstration était faite...

L2W : Mais qui dit captation dit micros. Est-ce qu'on peut pratiquer le décapotage avec n'importe quels micros ?

Nounours : C'est une bonne question... A mon avis, pour avoir testé beaucoup de prises de son sur le piano (10 ans avec Claude Nougaro et Maurice Vander, ndlr), je sais par expérience que la recherche constante était un équilibre entre une captation correcte du son du piano et la repisse du reste de la scène. Et pour moi, enlever le capot veut dire une chose : beaucoup moins de repisse ! Du coup on a une situation acoustique où les micros de piano ont un taux de repisse équivalent aux micros posés sur les autres instruments. On a le piano, enfin, à égalité avec une guitare, un tom, une percu...

Plissman : Excellente remarque, Nounours ! C'est très vrai ! D'un seul coup le piano est à égalité avec les autres !

L2W : Une façon de NORMALISER le son du piano en somme...

Nounours : Dans la musique amplifiée...

Plissman : Oui, parce qu'on a quand même affaire ici à un groupe d'enragés qui envoient grave le bois sur scène, donc le piano au milieu de tout çà...

L2W : J'ai entendu Plissman mentionner la place des micros dans le piano...

Plissman : Très importante, la place ! Alors on peut m'appeler au 06 60 67 64 55, et, euh, moyennant, euh, on s'arrangera...

L2W : Et cette découverte est aussi valable en studio ?

Nounours : Sans aucune hésitation. Le capot, c'est fini, je veux plus le voir. Et si le pianiste veut le garder son couvercle, je lui dirai : je veux bien mais après faudra pas venir me voir en pleurnichant parce que t'aimes pas ton son de piano.

L2W : Donc le couvercle on n'en veut plus ?

Nounours : Ben dans un seul cas de figure : quand on veut poser dessus un vase avec des fleurs et des photos de famille...

L2W : Messieurs, l'affaire est entendue !

sam 29 mar 2008

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