A votre gauche, Ray Lema. L'homme qui a dirigé la musique du Ballet National du Zaïre, le pianiste,
percussionniste, guitariste, qui a enregistré avec les Voix Bulgares, les Tyour Gnaoua d’Essaouira,
Stewart Copeland (The Police), Django d'Or pour l'ensemble de sa carrière, le porte-voix de
l'Unesco pour l'Histoire Générale de l'Afrique...
A votre droite, Laurent de Wilde. Le pianiste surdoué, touche-à-tout génial, normalien, écrivain,
compositeur, chroniqueur, chef d'orchestre, auteur de documentaires, musicien acoustique
comme électronique, côtoyant les légendes du jazz comme les DJ du moment, le compère de
Jacques Gamblin sur les planches de leur spectacle...
Les deux hommes, qui se connaissent depuis vingt-cinq ans, ont beaucoup de choses à se dire, et
c'est en musique qu'ils ont décidé de le faire. Ils savaient qu'en imaginant un projet à deux pianos,
ils partageraient le même credo : jouer le moins de notes possible, et juste les bonnes. Les 88
touches de leur instrument leur ont toujours semblées une traîtreuse invitation au bavardage et
aux effets de manche inutiles. Mais si cela était vrai pour un piano, que dire de deux ?
C'est à cette énigme (en anglais : riddle) qu'ils ont décidé de s'attaquer dans cet album.
Véritable creuset dans lequel se fondent toutes leurs expériences passées, le répertoire fut écrit
par les deux hommes avec une patience d'artisan. Le résultat sont ces dix pièces, dans lesquelles
ils expriment leur joie profonde de jouer ensemble, de danser constamment sans jamais se
marcher sur les pieds, de tricoter des rythmes et des mélodies aux couleurs toujours imprévues.
Blues, Tango, Ragtime, Reggae, Valse : un véritable tour du monde qui ne se raconte qu'à Paris, où
se rencontrent de façon si singulière les musiques des cinq continents.
L'enregistrement place Ray et Laurent de telle sorte que leurs basses respectives se rejoignent au
milieu, tandis que leur aigus s'éloignent aux extrêmes. Ce choix, qui entretient parfois le mystère
de qui joue quoi, est bien loin de celui qui mettrait en scène deux champions dans chaque coin du
ring et les verrait s'affronter, comptant les points. Non, ici, c'est la danse qui est de règle, et seule
compte la musique qui, sans relâche, est conçue à deux pour ne sonner qu'une.
A travers ces deux hommes, ce sont deux mondes passionnants qui se rencontrent, mais autour
d'une même philosophie : celle de l'écoute et du partage.
dim 20 nov 2016